Monday, October 20, 2008

Le roman de Renart

Le roman de Renart, poème allégorique et satirique fort célèbre au Moyen âge. Les héros en sont Goupil (le renard) et Isengrin (le loup), en qui se personnifient la ruse et la force. Autour d'eux se meut tout un monde, qui est l'image du monde féodal avec sa hiérarchie, ses castes, ses préjugés, ses moeurs et ses lois : le roi Noble, le lion, et dame Orgueilleuse, se femme; Brun, l'ours, et Beaucent, le sanglier, conseillers du roi; l'archiprêtre Bernart, l'âne; Braiant, le taureau; le bon sire Belin, le mouton; Tardieu, le limaçon, brillant et preux chevalier; Roonel, le mâtin "qui sait de plusieurs latins," un vieux routier; l'abbé Damp Petit-pas le paon; Chanteclair, le coq; frère Tybert, le chat; frère Hubert, l'escouffle (le milan), confesseur; dame Hersent, la louve, épouse d'Isengrin; Hermeline, la femme de Renart; le juge Brichemer, le cerf; Grinbert, le blaireau, parent de Renart; dame Ragueneau, la guenon, vieile plaideuse, également parente de Renart; dom Espinart, le hérisson; le page Rossel, l'écureuil; les huissiers (portiers) Wankez, le geai, et Urediel, le perroquet; Martin, le singe, le jongleur, etc.
Le commencement du drame est la séduction de dame Hersent par Renart. Isengrin porte plainte devant le roi Noble, qui ne semble pas disposé à donner suite à l'affaire. Après un débat auquel prennent part Brun et Grinbert, après que dame Hersent a protesté de son innocence à la grande édification de Bernart, tout va s'arranger; mais Chanteclair et dame Pinte (la Poule) viennent à leur tour accuser Benart, qui a tué la soeur de dame Pinte. Renart est condamné au gibet : on l'y traîne, et c'est à qui insultera le plus à son malheur, d'ailleurs mérité. Tremblant à l'aspect de l'instrument du supplice, il implore la grâce d'aller en pèlerinage à Jérusalem : le roi refuse d'abord, puis consent, et le vaurien échappe au châtiment. Retombé entre les mains de la justice, la reine s'interpose, et le sauve encore. Après maintes aventures, Renart prie le hibou de recevoir sa confession, et celui-ci lui adresse un sermon, parodie de ceux des prêtres et des moines. Feignant d'être touché de componction, Renart saute sur son confesseur et l'étrangle. Tel est le sujet du Renart primitif, auquel ont été rattachés toutes sortes d'épisodes. La tendance générale de ce poème est la négation et la destruction de l'esprit chevaleresque; il montre la ruse triomphant partout du droit et de la force. Il raille non seulement les moeurs du moyen âge, mais souvent aussi ses croyances, enveloppant dans la même moquerie les sacrements, les miracles, les pèlerinages, les croisades les tournois, les cours plénières, etc.

Le Renart remonte beaucoup plus haut que les manuscrits qui nous en ont été conservés, et qui sont du XIIIe, du XIVe et du XVe siècle : plusieurs des fables qui furent mises en oeuvre par les trouvères appartiennent au VIIIe; mais on ne trouve pas avant le XIIe un document qui atteste l'existence du roman dans une langue quelconque. C'est à cette époque qu'il faut placer deux poèmes latins qui ont pour titres Isengrimus et Reinhardus, et qui paraissent avoir été composés en Flandre. Vers le milieu du même siècle, Heinrich de Glichesoere composa un Renart allemand, dont le texte n'existe plus, mais qui servit de modèle à d'autres poètes de la même nation. Enfin, dès les premières années du XIIe siècle, la tradition de Renart était populaire en France. L'idée même de Renart est-elle française ou germanique? Faute de savoir répondre on a longtemps dit qu'elle semblaient être née non loin du Rhin. Depuis on en a aussi identifié une version en Inde.

Ce vaste roman, dont l'ensemble ne forme pas moins de 80 000 vers, est divisé en une trentaine de branches, qui furent composées à diverses époques et par divers auteurs. Deux sont attribuées à Pierre de Saint-Cloud, qui écrivait au commencement du XIIIe siècle, une à Richard de Lison (village de Normandie), et une autre à un curé de la Croix-en-Brie. A la fable primitive les Trouvères ajoutèrent bientôt de nouveaux épisodes, comme Renart couronné, attribué par Méon à Marie de France, Renart le Nouvel par Jackemars Giélée, Renart le Bestourné par Rutebeuf, et Renart le Contrefait par un Trouvère champenois du XIVe siècle.

Les savants allemands qui cherchèrent les premiers l'origine de la fable de Renart y virent une allusion à certains événements accomplis dans leur pays. Eckhart au XVIIIe siècle, et Mone au XIXe siècle, ont supposé que le loup Isengrin était Zwentibold, fils de l'empereur Arnulf et roi de Lorraine, qui fut en guerre avec un ministre perfide nommé Reginarius (Reinhart, Renart), et issu, comme lui, du sang de Charlemagne. Cette hypothèse a été combattue par Raynouard dans le Journal des Savants (juillet 1834), et l'on s'accorde à voir dans le roman de Renart une peinture satirique de la société féodale. Noble lion, le roi, n'est pas toujours le maître dans ses États; Isengrin, le seigneur fort et brutal, est souvent battu par les ruses d'un ennemi moins vaillant et moins fort; Bernart, le baudet, c'est la patiente Église, qui vit en paix avec tout le monde, et l'on voit en lieu des luttes affreuses, des combats qui divisent et ensanglantent la terre. ( Azadunifr )

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le Roman de Renart

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