Monday, October 20, 2008

Le style épique

Les chansons de geste sont des poèmes narratifs dans lesquels le mètre utilisé est presque toujours le décasyllabe, très rarement l'octosyllabe ou le dodécasyllabe. Le plus souvent ce vers de dix syllabes est découpé et rythmé par une césure forte après la quatrième syllabe (coupe "épique").

Le récit est composé en laisses, c'est-à-dire en strophes ou séries de vers de longueur variable ayant la même voyelle tonique finale (simple assonance dans les formes anciennes, rime dans les formes tardives). Cette division en laisses assonancées confère à la chanson de geste une grande cohésion phonique, dont l'effet est quasi incantatoire. Il existe différents modes d'association des laisses, qui tous renforcent cette cohésion : les laisses enchaînées se caractérisent par la reprise au début d'une laisse du dernier vers de la laisse précédente, les laisses similaires reprennent le même motif ou moment narratif mais en déplaçant le point de vue.

La très forte cohésion formelle des chansons de geste est également due à la présence d'un réseau de reprises et d'échos, grâce à l'utilisation d'artifices rhétoriques (chiasme, anaphore, gradation, antithèse, etc.). Le style épique, enfin, est un style "formulaire", caractérisé par le retour, dans une même chanson ou de l'une à l'autre, de motifs stéréotypiques (l'armement, la bataille, le combat singulier, la poursuite, l'ambassade, la déploration funèbre, etc.), rédigés à l'aide de formules récurrentes qui permettent au jongleur d'improviser en fonction des circonstances et de son public.

La chanson de geste possède donc un tempo spécifique : la progression linéaire et chronologique de l'action cohabite avec une scansion de nature rythmique et des pauses durant lesquelles la durée se dilate. Il s'agit là de l'une des premières réponses d'une forme littéraire française au problème du temps du récit. ( Azadunifr )

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