Tuesday, October 21, 2008

La Séquence












La Séquence (ou Cantilène) de sainte Eulalie est vraisemblablement le premier texte littéraire écrit en langue française, alors nommé roman (ancêtre de l'ancien français et du français).

Cette séquence raconte le martyre de la sainte Eulalie de Mérida et se termine par une prière. Elle s'inspire d'une hymne du poète latin Prudence qu'on peut lire dans le Peristephanon. C'est un poème de 29 vers décasyllabes qui se terminent par une assonance, par exemple “inimi” et “seruir”.

Origine

Depuis la découverte du texte en 1837 par Hoffmann von Fallersleben, la Séquence a soulevé de nombreux débats, notamment sur le sens énigmatique de son quinzième vers. On s’accorde aujourd’hui à dater le codex du début du IXe siècle et à l’attribuer à un atelier lotharingien. Aucun élément, paléographique ou autre, ne permet toutefois de conforter cette conjecture.

On le date de 880 ou 881 et il est inclus dans une compilation de discours en latin de saint Grégoire, en plus de quatre autres poèmes, trois en latin et un en langue tudesque (langue germanique), le Ludwigslied. Une telle séquence, ou poésie rythmique, était chantée lors de la liturgie grégorienne ; celle-ci l'a vraisemblablement été à l'abbaye de Saint-Amand-les-Eaux (près de Valenciennes). Avale (voir bibliographie) confirme les travaux de Bischoff qui situe la rédaction de l'œuvre dans une « région vers Liège et Aix-la-Chapelle », ce qui amène les militants wallons comme par exemple l'historien Léopold Genicot à considérer que la littérature française a « poussé son premier cri en Wallonie».[réf. nécessaire]. Au demeurant, ce « premier cri » -- ou ce premier « chant » -- aurait pu tout aussi bien être exhalé dans l'enceinte cultivée de l'abbaye d'Elnone (Saint-Amand), sous la gouverne du moine-musicien Hucbald (v. 850-930), écolâtre de son monastère.

Description du manuscrit

Le texte de la séquence occupe partiellement le verso du feuillet 141 du manuscrit 150 de la bibliothèque municipale de Valenciennes. Il a appartenu à l'abbaye de Saint-Amand-les-Eaux avant le XIIe siècle. Il n'avait au départ contenu qu'une copie de la traduction latine des œuvres de saint Grégoire de Nazianze fournie, écrit Maurice Delbouille, par Rufin (main A, datant du début du début de l'époque carolingienne et localisable sur la rive gauche du Rhin, en Basse Lorraine). C'est une main B qui, dès la fin du XIe siècle, a inscrit au recto du feuillet 141, d'abord resté vierge, une séquence latine dédiée au culte de Sainte-Eulalie de Mérida et inspirée de l'hymne consacrée dès le IVe siècle par le poète Prudence, à la mémoire de la sainte martyre. La structure de cette séquence est la même que celle de la séquence romane inscrite ensuite au verso du même feuillet par une main C. Ni dans le poème latin, ni dans le poème roman, cette structure n'est pourtant respectée parfaitement quant à la mesure des vers, à la suite de négligence de transcription. Les deux textes ont été construits pour être chantés sur une même mélodie qui nous est inconnue. [1] Le verso du f 141 porte, de la même main C (qui a copié la séquence romane) le début du Ludwigslied [2], chanté à l'occasion de la victoire du roi Louis sur les Normands à la Bataille de Saucourt-en-Vimeu (août 881). La langue de ce texte est le francique pratiqué dans le nord du domaine gallo-roman, bilingue chez les élites. Le texte roman semble avoir été construit pour un public plus populaire en vue de son édification. Le passage du latin au français écrit Delbouille implique une osmose entre langue savante et langue quotidienne à travers un bilinguisme individuel, par le fait d'une traduction interne et secrète qu'on pourrait dire latente.[3]. Pour Maurice Delbouille l'ensemble des traits de picard, wallon et champenois suppose l'existence à la fin du IXe siècle d'une Scripta poétique romane commune à ces trois domaines linguistiques en formation (les dialectes ne seront complètement formés qu'au XIIIe siècle), ce qui correspond à la vitalité intellectuelle de celles-ci à cette époque.

LA CANTILENE DE SAINTE EULALIE

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